Le vélo est devenu un acteur central des mobilités urbaines, et Nantes fait souvent figure d’exemple dans les classements français. À travers de nombreux aménagements, une offre de services diversifiée et une politique ambitieuse en faveur des mobilités douces, la métropole affiche clairement sa volonté de rendre le vélo accessible à tous. Mais au-delà des intentions, qu’en est-il réellement de la pratique ? Nantes peut-elle être qualifiée de ville cyclable au sens plein du terme ? État des lieux d’un territoire en transition.
Un réseau en expansion, reflet d’une volonté politique forte
Depuis plusieurs années, la métropole a largement investi dans le cyclisme à Nantes, avec des résultats tangibles sur le terrain. Plus de 800 kilomètres d’aménagements cyclables ont été déployés, mêlant pistes, bandes, voies partagées et zones de rencontre. Le plan “Grandes Voies Vélo”, initié récemment, vise à connecter les 24 communes de la métropole à travers 220 km de liaisons sécurisées.
L’objectif est clair : encourager une pratique quotidienne du vélo, sécuriser les trajets et réduire la part modale de la voiture. À cela s’ajoutent des dispositifs comme le réseau de vélos en libre-service Bicloo, des aides à l’achat de vélos classiques ou électriques, et des ateliers de réparation solidaires. La ville bénéficie également d’une signalétique claire, d’itinéraires bien balisés et d’une politique active de réduction de la vitesse dans les zones résidentielles.
Des progrès visibles mais une pratique encore inégale
La visibilité des cyclistes dans l’espace public a fortement augmenté ces dernières années. Le nombre de trajets à vélo enregistrés dans les compteurs automatiques progresse régulièrement, notamment sur les grands axes comme la Loire à Vélo ou l’île de Nantes. On observe aussi une diversification des profils, avec davantage de femmes, de seniors ou de familles circulant à vélo en milieu urbain.
Cependant, cette dynamique masque des disparités territoriales. Si le centre-ville et les quartiers proches bénéficient d’un réseau dense et cohérent, certaines zones périphériques restent moins bien desservies. Les discontinuités d’aménagement, les intersections complexes ou les absences de continuité entre les pistes peuvent freiner l’usage du vélo au quotidien. Le défi reste donc d’uniformiser la qualité des infrastructures à l’échelle de la métropole.
Les critères à observer pour juger la qualité cyclable d’une ville

Pour savoir si une ville est véritablement cyclable, plusieurs éléments doivent être considérés. Voici une liste des aspects clés à analyser dans le cas de Nantes :
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La densité et la continuité du réseau cyclable sur l’ensemble du territoire.
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La sécurité des parcours, en particulier aux intersections et dans les zones mixtes.
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L’accessibilité pour tous les profils, y compris les enfants, les seniors et les personnes à mobilité réduite.
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Les services d’accompagnement : location, stationnement, réparation, formation.
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La lisibilité de la signalisation, essentielle pour circuler sereinement en ville.
À Nantes, de nombreux efforts ont été engagés sur ces points, avec une montée en puissance des équipements et une meilleure prise en compte des besoins des cyclistes dans les projets d’urbanisme.
Une dynamique soutenue par les usagers et les associations
Au-delà des infrastructures, l’écosystème cycliste nantais repose aussi sur un tissu associatif dynamique. L’association Place au Vélo joue un rôle central dans la formation, l’information et la représentation des cyclistes auprès des institutions. Elle organise régulièrement des événements, des balades, des ateliers de réparation ou des campagnes de sensibilisation sur les règles de circulation. En apprendre plus.
La population elle-même s’approprie progressivement le vélo comme un mode de transport du quotidien. Les chiffres de fréquentation des parkings vélo sécurisés, la croissance de l’usage des vélos électriques et la demande croissante en solutions de stationnement en témoignent. Cette appropriation progressive transforme petit à petit les habitudes de déplacement.
Toutefois, certains freins persistent : météo, topographie, sentiment d’insécurité sur certains axes, manque de formation à la conduite en ville. Pour devenir une ville véritablement cyclable, Nantes doit encore travailler sur l’intégration du vélo dans l’ensemble des politiques publiques de mobilité, d’aménagement et de cohésion sociale.
Nantes se distingue aujourd’hui comme une ville en forte transition vers une mobilité plus durable. Grâce à une politique proactive et une participation active des citoyens, le cyclisme à Nantes gagne en légitimité et en usage. Si la ville n’a pas encore atteint le niveau de certaines capitales européennes du vélo, elle s’en rapproche par étapes. Les bases sont là, solides et évolutives. Il reste à consolider l’ensemble pour faire du vélo un réflexe partagé sur tout le territoire.
